Les escadrons rouges

na bylgarskiin English

A l’orée d’une ère claire, portant le feu d’une nouvelle foi,
défèrlent hardis les escadrons lancés, dans un suprême élan,
alors qu’au-dessus d’eux, repaces, aigles semant le désarroi,
shrapnell après shrapnell arrivent – tonnerre foudroyant.

Un cheval, en se cabrant, hennit ; privé de forces,
s’écroule désarçonné son cavalier frappé à mort.
Sa monture demeure immobile, puis s’élance et s’intègre
au torrent de l’escadron dont elle fait corps.

Flottent, flottent les crinières sur les champs ! sur les ornières
passent en trombe des escadrons que suivent d’autres escadrons.
Et sous les sabots des chevaux se lèvent des nuages de poussière,
mettant du bronze en lisière du brasier de l’horizon.

Camoufflé dans la saulaie, le cannon se met à cracher
des vagues de sang, des vagues de feu dressées poitrine contre poitrine ;
L’orage impitoyable d’acier froid élève la voix –
un bref combat et, à nouveau, volent les vaillants escadrons...

Volez, volez, donc ; escadrons ! Votre élan pour des millions
de cœurs est un animant qu’anime l’espoir, qu’anime l’amour.
Serrant le poing d’une forte dextre, le monde entier est empoigné,
ému, charmé et attendri par votre grand cri de victoire.

Dans l’horreur et la surprise, puisse crouler l’échaffaudage
d’iniquité, de plaintes dans ce monde ravalées !
Puisse l’homme enfin trouver, derrière la porte entrebaillée,
,ortes les chimères désuètes des lois d’airain d’autrefois.

O, volez dans le carnage, sous le feu, sous la mitraille,
vous, les précurseurs en rage de lendemains sans nuages !
Par l’orage, l’éclair, la foudre, par le sabre et la poudre,
annoncez la marche altière des vagues rouges sur la terre.

Et lorsque la dernière pierre de cette décrépite demeure
que les flammes vont descendre, sera tombée dans les cendres,
venez mettre pied à terre, l’embrasser et pour toujours
faites régner sur la planète le droit, l’affection, l’amour.

1920


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